mercredi 25 octobre 2017

Véhicule d' éternité



Je vais reprendre la question de l’âme, qui est très importante, car finalement il s’agit de notre véhicule d’éternité, et s’il n’y avait pas l’âme, nous ne serions guère plus que des animaux doués de conscience dont la seule préoccupation serait la sécurité, le plaisir et la domination, quitte pour cela à détruire sans intelligence les autres et le monde pour y arriver. Prendre la mesure de ce fait nous fait prendre conscience de l’importance de développer son âme, pas seulement pour soi, mais aussi pour l’humanité, pour sa survie, pour sa croissance spirituelle qui est la seule alternative au chaos du monde, et inviter tous ceux qui le peuvent à faire de même.

L’âme ne naît pas d’une personnalité ou d’une vie antérieure. Elle naît et elle croit en parallèle au développement du corps qui est le creuset à la fois du développement de l’âme, mais aussi de l’esprit, de la conscience et de nos énergies. Le corps est le creuset, sans lui rien ne serait possible. L’être humain est le point de rencontre de tous ces éléments qui, pris individuellement, existent dans tout l’univers et dans leurs propres natures, mais qui trouvent dans l’être humain la conjonction nécessaire à une alchimie qui implique à la fois la vie et l’existence divine. Les possibilités de développement sont immenses.

Nous en sommes bien loin. Et il est très difficile pour un être humain de développer ces possibilités indépendamment de l’environnement et des autres, tellement nous sommes tous liés, à la fois dans nos chaos, mais aussi dans nos existences psychologique, et éventuellement spirituelles. A ce titre nous subissons toutes sortes d’influences, positives et négatives, et nous portons toutes sortes de choses, intérieurement parlant, que nous avons hérité des autres et de l’environnement, sans s’apercevoir que tout cela n’est qu’un bagage que nous avons hérité, et auquel nous nous identifions dans la construction du moi. On pourrait même dire que le moi tout entier, cette partie de soi que nous chérissons le plus et à laquelle nous accordons le plus d’attention, ne constitue qu’un héritage, celui de nos expériences, celui de la conscience collective, celui de nos plaisirs et de nos besoins.

Le moi et l’âme sont antinomiques. Pourtant, sans le moi, pas de construction de l’âme. D’une part parce que c’est le moi qui décide, qui pose les choix dans la volonté, celle de faire ou de ne pas faire. Les choix dans la matérialité, dans la spiritualité, et dans tout le reste. Et c’est lui aussi qui décide d’aller vers l’âme, le Divin ou toute autre forme de développement intérieur. Et c’est lui qui dans sa conscience reconnaîtra ses propres limites et la nécessité d’être résolu dans sa nature. C’est le moi qui décide, du moins dans la première démarche, tant que l’esprit restera identifié. Car l’esprit dans cette identification obéit au moi.

Tout ceci passe par toutes sortes de prises de conscience, mais au final ce sera le pouvoir créateur de l’âme qui agira, car le moi aura su la reconnaître et s’y placer correctement pour en recevoir l’amour, celui qui est nécessaire à tout croissance, et que nous portons tout au fond de nous. Ce qui veut dire aussi commencer par s’aimer soi-même quels que soient nos qualités ou nos défauts. Et on ne peut aimer l’autre si on ne s’aime soi-même. Il ne s’agit pas de narcissisme bien entendu. Le narcissisme est un amour de soi porté en exaltation, il ne mène qu’à la flatterie, l’illusion d’exister, un jeu que les egos entretiennent entre eux pour masquer le vide de l’existence.

Donc l’amour est au centre. Sans l’amour il n’y a rien, et rien n’est possible. Oh combien nous sommes vides de cet amour, et oh combien nous en avons besoin. Et nous en avons d’autant besoin, nous en sommes d’autant vides que nous le réclamons. Sans s’apercevoir que même l’amour doit partir de soi. L‘amour que nous réclamons n’est en fait que l’amour que nous portons mais que nous sommes incapables d’exprimer. Il nous empêche même de recevoir celui de l’autre, qui existe dans l’inconnu, car l’amour est toujours quelque chose de neuf et de vivant. Dès que nous le connaissons il devient sentiment, pensée, plaisir, une image de l’amour qui n’existe plus que dans le moi, et nous revoilà dans l’auto-exaltation et le narcissisme.

Se rendre compte de tout cela est connaissance de soi et des mécanismes internes de la psyché, de notre nature si complexe qu’elle en arrive parfois à nous étouffer complètement. On voit aisément qu’au milieu de tout cela l’âme peut avoir bien du mal à poindre, ou ne serait-ce qu’à trouver un mode d’expression. Dans ce cas il nous reste malgré tout  l’art, une création humaine qui nous permet d’exprimer notre créativité, et dans la créativité se trouve une porte qui nous permet de toucher à l’âme. « L’art est sacré » m’avait dit un jour Jésus. A ce titre chacun devrait pouvoir trouver un art et une créativité lui permettant d’entrouvrir cette porte de l’âme.

Jean-Michel Jutge


Aucun commentaire: