samedi 6 mai 2017

Esprit et identification



Lorsque l’esprit n’est identifié à rien, ni à soi, ni à l’autre, ni à quoi que ce soit de l’existence, que se passent-il ? Il ne s’attache à rien. Mais il reste pleinement sensible. 

Et rien en lui-même ne bloque son énergie, il est alors sensible à sa propre lumière, son propre mouvement. Dans cette perception ses actes sont libres, ses choix dirigés par l’amour, l’intelligence, la créativité ou la nécessité du moment. Qui plus est, il demeure en méditation, comme une flamme en son sein qui brûle sans s’éteindre et éclaire l’existence qui le traverse. 

Si la pensée est là, elle l’est sans identification, comme un rappel de l’expérience pour plus de créativité, mais l’esprit ne confond plus l’image et le réel. Il vit dans l’instant, comme il l’a toujours vécu, car c’est sa seule réalité. Mais ne s’identifiant plus à la mémoire et aux souvenirs il ne s’identifie plus non plus à la représentation du temps. Seul l’instant est perçu comme réel. Mais l’instant peut aussi révéler d’autres réalités que celles qui passent par les sens corporels. Le réel pour l’esprit possède sa propre profondeur, dans un inconnu permanent. La créativité s’exprime sur cet inconnu. Elle est génératrice d’énergie.

Comme on peut le voir, l’esprit vécu ainsi est toujours plein et en mouvement. Et même s’il est vide de tout mouvement, dans les profondeurs de la méditation, même ce silence et cette immobilité demeurent pleins.

Pour revenir sur la question, si vous observez bien, ce qui encombre l’esprit n’est jamais la totalité de soi. C’est quelque chose qui est dans un mouvement, qui apparaît et disparaît pour venir être remplacé par autre chose. Ainsi se succèdent en l’esprit tous les aspects et mouvement du moi, mais jamais tous en même temps, cela tourne de manière cyclique. En fait cela remonte du subconscient pour effleurer la surface sensible de l’esprit et replonger dans le subconscient, au gré de divers sollicitations. 

C’est un mouvement réflexe contre lequel nous ne pouvons pas grand-chose, et tous nos efforts pour le contenir ne font que le refouler et créer d’autres problèmes ailleurs. Mieux vaut alors laisser la pensée, et ses émotions sous-jacentes, libres de s’exprimer en l’esprit, mais nous pouvons apprendre à y être pleinement sensible, afin de les écouter, les comprendre, et se comprendre soi-même. Cette compréhension libère l’esprit, dans le sens que tout ce qui est vu entièrement ne montera plus à lui et ne viendra plus l’encombrer.

Cette approche telle que décrite ici n’est pas exhaustive, il en existe d’autres.

Jean-Michel Jutge