vendredi 20 avril 2012

Individualité et Absolu


La différence entre la nature de l’être dans l’âme personnelle et la nature de l’Être du Divin Lui-même est que le Divin n’a pas de forme. Mais Il peut se manifester de manière personnelle et individualisée s’Il le souhaite, car il porte en Lui le Un. Et s’il prend une forme, elle n’est qu’apparente car elle reste liée à la totalité de l’absolu, elle n’en est qu’un prolongement. Même le Christ dans l’homme n’est qu’un prolongement du Dieu total et sans limite.

Ainsi que la forme soit Christique, Supramentale, Bouddhique (c’est-à-dire dans une forme divine qui caractérise l’essence même de l’éveil), qualifiée de Sat-Chi-Ananda ou autre, c’est toujours le même absolu qui existe pour lui-même dans une unité fondamentalement omniconsciente et omnipotente, directrice, créatrice, aimante, libre et individuelle, c’est bien le sens du mot « Un ». 

Un Être qui peut présenter une infinité de manifestations mais qui dans celles-ci reste un tout fondamental sans distance ni séparation de chaque partie de lui avec lui-même, présent éternellement à sa propre présence en tout point de lui-même et constituant son propre tout, en dehors duquel rien n’existe et est totalement seul, « Un » et indivisible en sa propre essence, n’est-ce pas le sens absolu du mot Individuel ? Ainsi l’individualité est bien un attribut de Dieu, et on retrouve celle-ci dans l’expression de l’Intelligence et de la Vérité lorsqu’elles s’expriment à travers n’importe quel esprit.



Pour que cette individualité disparaisse, il faudrait que tous les éléments qui nous composent se fondent dans le tout, corps, âme et esprit. Les faits révèlent que cela n’arrive pas, même chez ceux qui en ont parlé. 

J’en témoigne, Sakyamuni, Jésus, Vallalar, Ramana Maharshi, Kalu Rimpoché, Jiddu Krishnamurti, Sri Aurobindo ou La Mère…, on pourra s’étonner d’une telle énumération, mais dans le Ciel rien n’est séparé et l’on peut aisément retrouver un être pour qui l’on connait déjà une vibration.

La spiritualité est universelle, c’est l’homme qui la morcelle créant les dogmes et les religions. Ceux-là et d’autres moins connus je les ai croisé au gré de mes voyages après qu’ils aient quitté cette terre, là où ils ont bien voulu se montrer et tous conservent une forme d’individualité. 

On entend dire parfois que plus l’on rentre dans une transcendance, fut-elle la plus absolue, ou éternelle par rapport à quoi que ce soit de manifesté, de phénoménale, et moins l’individualité a de sens. Mais cela n’est vrai que dans le sens restrictif du terme, si l’on considère l’individualité humaine qui manifeste la forme et l’histoire, celle qui est projective, tout simplement l’identité arbitraire. Car c’est exactement l’inverse qu’il se passe. Mais tout en étant individuel l’Absolu est aussi le tout, l’Étalé, là où l’Alpha et l’Oméga se rejoignent, là où les extrêmes ne font qu’un, le lieu de tous les paradoxes.



Lorsqu’Il nous parle, à notre individualité humaine, au plus profond de notre intimité, c’est individuellement qu’Il s’adresse à nous, Il peut apparaître comme une entité propre mais qui n’a pas de corps, qui est Être pur. 

Et en même temps Il révèle sa majesté qui est d’être au-delà de toute forme, tout concept, toute limite, on ne peut l’enfermer dans un schéma, au moment où on croit le saisir Il se révèle encore plus profond, plus au-delà que tout ce que l’on a pu croire, c’est chaque fois un vertige que la conscience humaine ne peut appréhender, mais que l’âme comprend alors dans la reconnaissance de sa propre nature, car cela nous construit alors, mais les mots sont bien faibles pour en témoigner.

Jean-Michel Jutge