jeudi 16 avril 2009

Le sens de la Vie

" Le sens de la vie est-il un éternel recommencement ? Ou bien une possible transformation ? Qu'est-ce que le Service à L'Etre suprême ? Que signifie vraiment : servir Dieu... ? Comment cela est-il rendu possible dans notre quotidien ? comment faire de l'Action une Oeuvre Divine ? l'Oeuvre authentiquement vécue du Divin ? "

Il n’y a pas de recommencement. Le sens de la vie est la vie elle-même, elle est l’essence même du Seigneur qui insuffle celle-ci à tous les niveaux de la création, chaque fois qu’il s’y introduit d’une manière ou d’une autre, car la vie est Lui-même. L’orgueil de l’homme se l’approprie, mais notre vie, celle que nous portons en notre chair et notre âme n’est pas séparée de Lui. La vie est un lent processus d’évolution de la matière inerte vers sa source créatrice, qui est organisation du chaos, de l’incréé, par le créateur, vers une perfection où les deux seront parfaitement modelés l’un sur l’autre, comme le pot qui est modelé autour de son propre vide, afin que sa fonctionnalité soit parfaite.

Ce qui revient à nous poser la question de la fonctionnalité de la création, donc de la vie qui l’habite. L’on ne peut répondre à cette question que si l’on sort de sa petite vie personnelle, pour voir la vie et l’évolution dans son ensemble, aussi loin que nous le permet notre nature, c’est à dire par le regard de Dieu Lui-même. La création apparaît alors comme faisant partie du processus d’évolution du Créateur lui-même, car Dieu n’est pas statique comme certaines traditions veulent nous le faire croire mais profondément évolutif, il porte l’évolution en lui-même et à ce titre il est dans sa nature de créer, dans l’inconnu permanent, l’amour, et la vie, rien ne se crée hors de Lui-même.

Mais la transformation, vue de notre regard, se fait dans la forme. Ce qui est au-delà du temps et de l’espace, même s’il porte une forme dynamique et évolutive, demeure en permanence dans la stabilité et le silence de l’innommable. Ce n’est d’ailleurs pas la même forme et dynamique que celle que l’on rencontre dans la création, inutile donc de chercher à se la représenter, car ses lois en sont différentes.

Mais Dieu a sa propre profondeur, et qui dit profondeur dit changement, une profondeur tellement inimaginable que la création tout entière n’apparaît plus que comme une particule infinitésimale. De quoi se donner le vertige. Mais à la dimension de Dieu nul problème, et les dimensions sont tout à fait relatives, l’esprit peut devenir aussi vaste que cela, aussi profond que Dieu, ou aussi infinitésimal qu’une particule.

Celui qui rompt la séparation d’avec l’absolu devient celui-ci. Le reste de l’individualité reconnaissant sa propre origine se soumet, mais non pas la soumission qui se laisse dominer, mais celle qui s’abandonne au Souffle parce que ce Souffle-là est l’essence de Soi et sans ce souffle nous devenons mortel, l’autre penchant de la vie qui n’est en fait que l’absence de vie, l’ignorance.

Retrouveriez-vous la vue que vous souhaiteriez redevenir aveugle ? ou bien découvrir les merveilles de la Lumière et la beauté de ses couleurs. Mais ces couleurs-là sont essentielle pour donner le Sens, il n’y a alors plus de question sur celui-ci, cela parait tellement évident, que l’on en oublie presque que l’aveuglement ait existé, si ce n’est par le rappel constant de ceux qui s’efforcent à y rester. Il n’y a plus alors de service, mais seulement le mouvement de la Nature, la nature de l’essence bien entendu, qui reste au service car l’amour est don, sans que le don ne se rende vraiment compte de sa qualité exceptionnelle, étant devenu la norme même de la Vie.

Jean-Michel Jutge.