samedi 21 février 2009

Le monde rebelle

Le monde rebelle était présent dans l'homme bien avant que le divin ne s'y installe. Il a donc étroitement structuré la conscience humaine et son vital. On peut même dire qu'à sa manière il a participé un temps à l'évolution de la conscience, mais dans le domaine de la survie principalement. Et lorsque l'homme a su raisonner, il a naturellement intégré les mondes rebelles dans son culte. Jusqu'à ce que Dieu s'impose à lui pour se révéler, et le faire monter d'un cran dans l'évolution.

Ce fut le premier souffle, celui qui est rentré dans les narines d'Adam et de toute une part de l'humanité pour l'élever. Et l'homme a gouté à la divinité, l'humilité, la simplicité, l'innocence, l'immortalité, recevant la parole divine chaque jour directement des Cieux, cette parole qui constituait l'arbre de vie.

En même temps que Dieu s'est introduit dans l'esprit et le corps des hommes en y créant une âme, il a mis à jour et révélé tous les sous-produits de la création, montrant à ces mêmes hommes ce qu'étaient les mondes de la conscience involuée et du vital et leurs habitants. Il a recouvert ces mondes du manteau du serpent afin qu'ils soient reconnus par l'homme, lui recommandant de ne jamais redescendre en son corps, celui du serpent, regarder toujours vers la lumière, car l'homme encore jeune de sa divinité n'avait pas l'expérience de la chute.

Mais il se produisit une schisme en ce peuple, l'ambition du pouvoir, du contrôle et de la domination naquis chez certains de ceux à qui il avait été tout offert, ou la simple tentation de "voir ce que cela ferait". L'esprit se referma sur lui-même entrainant l'âme dans sa chute et perdant le lien avec le ciel, l'arbre de la Parole fut brisé et l'arbre de la connaissance naquis, car la connaissance vint remplacer ce grand vide de l'âme qui avait perdu la source de sa propre vie.

Avec le temps la chute grandit, et plus la chute était grande plus le vide était grand, la mort et l'animalité repris ses droits. Et dans ce grand vide existentiel qui se créait en l'homme le monde rebelle trouva l'aubaine d'une exploitation nouvelle, l'enfant de Dieu avait renié son origine, il y avait là une place à prendre, et les dieux et les êtres qui surent exploiter cette aubaine grandirent et gagnèrent en puissance en trouvant le moyen d'exploiter à la fois les faiblesses de l'homme, son vide existentiel et l'avidité qui en naissait, et la présence en cet être d'un pouvoir créateur et d'une âme dont eux-même ont toujours été privé.

Ils ont su trouver la symbiose nécessaire pour leur propre croissance, le peu d'âme qu'ils manifestent est toujours celle empruntée à l'homme. L'humanité subit un parasitage au coeur même de sa conscience et de son vital. L'ego n'est rien d'autre qu'une illusion soufflée par l'esprit malin et qui a pris suffisamment de consistance pour nous aveugler sur notre réalité. Le véritable humain est ailleurs.

Briser les chaines de cette illusion est extrêmement difficile car cela est au coeur même de nos personnalités et la compose. Les dieux, les djins, les asuras des cultures polythéistes ne sont qu'un aspect du problème, mais il est un fait, c'est qu'en dehors des humains aucun ne possède un âme ni ne peut accéder au divin.

Même le plus grand des dieux, aussi près du ciel qu'il soit, marche main dans la main avec le plus grand ou le plus petit des démons. Car il font partis du même système, chaque monde de l'au-delà portant son propre ciel et ses propres enfers. Tout ceci fait partie de la manifestation, et ce ne sont pas les mondes divins.

Après la chute, une partie de la divinité perdue fut sauvegardée en l'homme sous la forme de la particule divine. Certains conservèrent le souffle divin, au moins en partie, et en portèrent les effluves vers la Mésopotamie puis l'Inde dont les anciens rishis furent un temps les dépositaires. La particule finit par être disséminée dans toute l'humanité puis commença le lent retour et la reconquête du divin au sein de l'espèce humaine. Les envoyés célestes et éveillés se multiplièrent. Mais l'homme fit de nombreux amalgames quand il ne dénaturait pas tout simplement le message apporté. d'autant que le mensonge s'était établis dans l'esprit de l'homme, lui ôtant toute possibilité de discrimination. Je ne m'étalerai pas plus sur tout cela.

Vous souhaitez œuvrer pour le divin ? Reconnaissez tout d'abord sa lumière en vous. Ensuite ne la perdez jamais de vue, et laissez-la œuvrer et creuser. Apprenez à collaborer, ce qui est tout un art, il n'y a pas de recette mais autant de possibilités que d'individu, et le divin saura vous inspirer en ce sens si votre aspiration et votre sincérité ne vous quitte jamais. Le reste peut difficilement être décrit dans les livres.

Jean-Michel Jutge

samedi 7 février 2009

L'esprit du figuier

Nous serions étonnés de voir comment la nature, la vie et les éléments se vivent eux-même. Vivre ceci est une chose possible, à travers l'esprit universel de la création.

La pratique de certaines techniques de méditation et d'états de samadhi nous met directement en relation avec la conscience collective, dont certains aspects appartiennent à l'humanité entière, d'autres au règne animal ou végétal etc. Cette prise de contact laisse rentrer en notre esprit les éléments de conscience et de sensibilité des choses avec lesquels l'on entre en contact et par identification l'on devient ceux-ci. C'est-à-dire que l'on peut par exemple devenir un figuier en son esprit après s'être nourri de sa figue et communier avec "l'esprit" du figuier, vivant en soi l'expérience de sa nature.

Je vais illustrer cela par l'exemple : Je suis un jour entré en unité avec un figuier, en mangeant l'une de ses figues. Il possédait une sensibilité extraordinaire du ciel, du cosmos, et de l'environnement immédiat. Il percevait tous les insectes qui grimpaient sur lui, les fourmis, et qui volaient autours. Il ouvrait volontairement ses figues, en don naturel, pour nourrir tout ce beau monde. La figue était excellente, un nectar. Le plus étonnant était cette sensibilité aux rayonnements cosmiques, et la relation particulière d'osmose qui existait entre l'arbre et les insectes au point qu'il choisisait lui-même de les nourrir.

Les végétaux n'ont pas de conscience propre, comme les animaux ou les humains. La seule conscience qu'ils portent est la mémoire de leur génétique. Toutefois, ils ont une grande sensibilité et une vie qui leur est propre, répondant à l'environnement pour le servir. Ils sont très réceptifs à toutes sortes d'énergies et y réagissent très bien..

Percevoir la création de l'intérieur peut être expérimenté par ce que l'on appelle en yoga les techniques de samyama et de samadhi. Ces techniques nous font sentir ou vivre les choses de notre intérieur, et par l'intérieur des choses elles-mêmes. Pour un praticien avancé, le samadhi peut devenir naturel et spontané, et la communion peut apparaître sans être recherché. Mais le samadhi le plus intéressant est celui qui a lieu sur notre propre soi et conscience pour la connaissance de soi, ou sur le divin lui-même pour en explorer sa nature.

Mais il existe encore une autre manière d'explorer la beauté de ce monde et des autres, en chevauchant l'esprit du divin lui-même. Il nous porte alors de l'infiniment grand à l'infiniment petit et au-delà, nous faisant découvrir les choses à travers son regard lui-même.

Jean-Michel Jutge